20 avril 2024
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Quelle place et quel avenir pour nous Algériens ?

Tribune

Quelle place et quel avenir pour nous Algériens ?

1. Quel parcours de l’Algérie depuis son accession à l’indépendance ?

Après plus d’un demi-siècle, l’Algérie indépendante n’a pas su réaliser sa prospérité économique d’ensemble, malgré toutes les richesses naturelles et les ressources humaines dont elle dispose. Elle est toujours en retard pour son industrialisation, son agriculture, son système éducatif  et son commerce. Comme si quel que soit les gouvernements, l’Algérie était rétive à une révision en profondeur de son système de gouvernance archaïque.

Or la seule raison que je vois qui soit une raison permanente est que dès le départ,  l’encadrement socialiste de l’Algérie a toujours été médiocre. L’Algérie n’a jamais eu les hommes d’Etat et les hommes d’affaires qui auraient pu l’entraîner dans la prospérité. Un socialisme forcené puis un socio-capitalisme débridé où l’omniprésence de l’Etat qui seul, pourvoit, assure, distribue, réparti, arbitre et conduit sans partage, notre pays vers sa ruine. L’idéologie a longtemps primé sur l’économie assise sur un matelas confortable de pétrodollars.

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D’aucuns m’apostropheront en disant qu’il y eu beaucoup d’investissements dans les infrastructures depuis. A ceux-ci, je réplique certes !  Disposant d’une manne de plus 600 milliards de US$ quel mérite tirez vous d’avoir attribué la réalisation des marchés publics essentiellement à des entreprises étrangères, à des coûts non optimisés dans un environnement opaque ?    

Des fortunes se sont bâties,  sur des passe-droits, des relations, des avantages, des fraudes, des attributions de marchés publics, des commissions sur marchés et autres transactions mafieuses. Voici le modèle de réussite aujourd’hui gravé dans l’esprit des algériens : tous corrompus et tous voleurs !

Depuis 2000, à peine sortie de crise profonde financière et d’une guerre civile, l’Algérie ne me semble pas du tout à l’abri d’une rechute comme par malédiction.

En marge des pays occidentaux, en retrait des anciens pays du bloc communiste, en équilibre instable dans le Maghreb, dans le continent africain sans aucune africanité, l’Algérie a longtemps cherché sa place dans le monde sans jamais l’avoir réellement trouvée. Si l’Algérie n’a pas d’amis, elle a su cependant se faire beaucoup d’ennemis !

Ni industrie de base solide, ni agriculture florissante, ni services développés, ni place régionale financière, ni hub portuaire ou aéroportuaire, ni centre culturel régional rayonnant, ni destination touristique, ni centre d’excellence régional dans une discipline particulière, il est très difficile de caractériser notre pays, connu seulement comme un marché de 40 millions de consommateurs, avides de produits made in…    

Ainsi l’inadéquation de l’Algérie à la vie économique du monde est un des traits de son identité. Durant un demi siècle, nous n’avons pas encore trouvé notre place ou de solutions au marché parallèle des devises (une Banque d’Algérie en pâte à modeler), ni au marché informel initié par les porteurs de cabas.

En fait ce fut une errance dans la recherche d’une identité propre controversée entre son amazighité millénaire et son arabité idéologique, sa langue usitée un composite d’arabe et de français (daridja), sa culture populaire de plus en plus conservatrice mais tournée irrésistiblement vers l’occident , son modèle de consommation complètement à l’opposé à la production locale, des déficits structurels de nos banques et entreprises publiques, un enseignement qui passe brutalement d’un cycle à l’autre de l’arabe au français, une religion d’Etat mal enseignée et mal comprise qui de la tolérance a basculé brutalement à l’islamisme intégriste le plus barbare.

Aucune solution ou réforme profonde n’a pu être mise en place car cela aurait provoqué indéniablement l’effondrement du système en place.  

Il est aisé pour la génération de sexagénaires de constater aujourd’hui combien les algériens ont changé, les valeurs ancestrales que même la colonisation n’a pas pu gommer, se sont peu à peu émoussées.

Notre jeunesse a perdu son patriotisme, ses repères sociétaux, son identité dans le contexte historique et n’exprime comme projet de vie qu’un visa (1).

Cette mutation représente la plus grande menace pour l’Algérie et les moyens de corriger ce cap suicidaire sont à mon sens limités si on n’agit pas en profondeur et dans l’urgence. Ce signale d’alarme bien que désagréable à ouïr,  reflète bien une réalité que beaucoup de gouvernants ne veulent pas entendre, cependant à l’instar de certaines maladies qui se développent dans votre corps sans douleur ou signe apparent mais qui véhiculent en définitive, une menace fatale pour votre existence. L’actualité dans certains pays arabe est là pour nous ouvrir les yeux.   

2. La situation que vous décrivez est plus qu’inquiétante mais d’où viendra donc l’espoir ?

Comme vous, je ne crois pas aux miracles mais l’espoir est toujours permis. Plusieurs intellectuels, universitaires et journalistes tiennent des propos aussi alarmants dans les réseaux sociaux non pas pour créer une psychose mais pour éclairer l’opinion publique voire nos dirigeant s’ils peuvent encore écouter ! Chacun voulant éviter à notre pays une descente aux enfers.

L’espoir ne doit pas s’arrêter à l’évocation « Allah nous protège! ». Y a t-il une volonté de résipiscence  des décideurs d’une part et de mener des actions ésotériques qui changeront en profondeur le système de gouvernance et abattront des privilèges,  voire qui briseront les oligarchies en place ?

« L’aéronef Algérie » peut continuer son vol et trouver son cap pour atterrir dans une aire de prospérité et de développement durable mais l’image que je refuse de garder à l’esprit c’est ce vol « germanwings » (2) où le pilote enfermé dans le cockpit a provoqué un suicide collectif.

Souvenez-vous, la France après la libération, le Général de Gaulle en septembre 1944 face à un pays dévasté et sans plan Marshall, avait appelé les charbonniers français du nord au patriotisme pour une plus forte production de charbon, permettant de produire plus d’acier et donc reconstruire le pays. Ils le firent, adultes et enfants, malgré des conditions terribles de travail, une vie misérable, des morts accidentelles par centaines, des maladies respiratoires effrayantes.

Pensez-vous aujourd’hui que, si on appelait les jeunes algériens de développer l’agriculture saharienne prometteuse pour réduire notre dépendance aux importations, le patriotisme l’emporterait-il ?

Distribuer des avantages sans contrepartie aux jeunes algériens c’est d’autant plus les aliéner davantage et modifier l’ADN légendaire des travailleurs algériens émérites du bâtiment et des usines Berliet et Michelin des années 1960.

Voici les raisons de notre inquiétude : Quand l’ADL et l’ANSEJ et les subventions cesseront que feront-ils alors ?

Croyez vous que faire appel aux travailleurs dociles marocains, népalais ou chinois soit une réponse à l’absence de la main d’œuvre laborieuse algérienne ?

Je crains que le prix à payer pour ces erreurs sera certainement élevé pour notre peuple.

D’où viendra l’espoir ? Et bien non ! pas d’une remontée des cours du Brent mais d’une mutation profonde de notre société, empruntant nos valeurs à l’islam des lumières, d’une recomposition de nos principes pour construire une société algérienne moderne et ouverte à la culture, à l’ordre du mérite et l’innovation, tournée vers le développement économique, technique et social et enfin créer les conditions favorables à l’épanouissement du génie national. Eh oui, c’est une tâche bien difficile mais tout l’enjeu est là !

3. Mais alors comment emprunter un tel virage et par où commencer ?

Pour être pragmatique et concret faisons un sombre constat : l’ouverture tout azimut aux importations a laminé la production nationale, a rehaussé le niveau de corruption et permis ainsi la constitution d’immenses fortunes sans contrepartie essentiellement dans l’informel.

Il est évident que deux composantes lourdes de l’Algérie s’affrontent : d’un côté les tenants de l’import-import soutenus par la Banque Mondiale le FMI, l’Union Européenne et ses lobbies comme l’ERT (3) et le BR (4) et de l’autre côté des entreprises algériennes publiques et privées, des entrepreneurs, des agriculteurs soutenus par certains partis d’opposition et syndicats.  

Par ailleurs, un deuxième combat s’engage dans la bataille de l’énergie : le programme de SONATRACH soutenu par les multinationales américaines et européennes et en face la société civile, les régions et entreprises patriotes qui disent stop à cette « charge de cavalerie au clairon » et qui réclament d’abord une réflexion et une forte participation à cette transition énergétique (solaire photovoltaïque, gaz de schistes, etc.) qui hypothéquera longtemps notre avenir.

Enfin, une autre bataille souterraine fait rage dans notre société entre les tenants des établissements publics d’éducation et formation et ceux du secteur privé et l’informel (cours particuliers privés). L’enjeu est de taille car il conditionne la qualité et la qualification des futures générations de notre pays.

Nous pourrions aussi traiter de la santé publique en Algérie (les centres de soins et le pharmaceutique) qui trame un combat similaire.

Dans tous ces théâtres s’opèrent des mutations, des affrontements, des ruptures et des collusions dans notre société mais aussi avec nos pays ennemis puisque nous avons dit que nous n’avions pas de pays amis. Qui sont les arbitres (élus, administrations, ministères, syndicats, société civile, médias, etc.) ont-ils les données et les compétences ? Connaissent-ils les enjeux ? Qui défend nos intérêts communs ? Où nous conduisent-ils ? Le savent-ils ?

En fait nous sommes plongés dans un silence médiatique déconcertant, une presse souvent indigente à communiqués laconiques, une vie politique aphone, un cinéma de l’actualité très animé mais muet.

Par où commencer ? Eh bien par le commencement. Expliquer d’abord aux algériens ce qui se passe aujourd’hui dans tous ces théâtres,  quelles décisions sont prisent et donc ce qui va nous arriver demain !

Chacun de nous pourra alors s’y préparer, s’associer aux luttes pour sauver notre pays, contribuer à la sortie de crise, le cas échéant se chercher un plan B.

A la fin des années 88, nous ignorions presque tout et nous avons subi les durs contrecoups de la faillite du système. Trente années sont passées depuis, nous n’avons plus le droit d’ignorer.

Une mobilisation citoyenne voilà le commencement !  Savoir et s’impliquer pour veiller, prévenir, préserver, déjouer, protéger notre pays contre ses ennemis de l’intérieur et de l’extérieur qui le minent, l’exploitent, le dépossèdent, le pillent, le trahissent, l’affaiblissent pour subir plus que jamais la domination, le joug néocolonial, la division, la fragilité voire une partition. Le modus operandi de la déstabilisation est parfaitement établi et a déjà fait ses preuves dans plusieurs pays.

4. Mobiliser les Algériens pour faire quoi et agir où ?

Nous vivons un monde d’alliances et de contre-alliances, de sauvegarde des intérêts nationaux donc nous devons aussi souscrire à l’adage : Algeria First !

Ceci en tête, nous fera prendre notre destin en main dans tous ces théâtres : Transition énergétique, le système de santé, le système éducatif pour nos enfants, le couple commerce-industrie, modèle de consommation, la place de l’islam dans notre société, autosuffisance alimentaire, l’équilibre budgétaire et les subventions, le contrôle fiscal et les douanes, la politique des investissements, les marchés publics, stratégie industrielle et relance, le marché informel, lutte contre la fraude, la menace terroriste, les transports, tant de chantiers ouverts et inachevés. La passivité et le laisser-faire nous conduiront dans le mur !

L’action civique de tous les algériens c’est d’abord se poser des questions et se dirent nous sommes sur le même bateau en classe éco ou en first, si nous implosons, se sera la fin pour tous. Gardons à l’esprit le drame syrien.   

Mais le point le plus important c’est sur quel projet de société les algériens pourraient en grand nombre se mobiliser à nouveau, comme pour l’indépendance nationale, relever le deuxième plus grand défi : bâtir une authentique république, sans populisme, sans conseil national de la révolution, sans la sécurité militaire, sans islamistes salafistes, sans le pouvoir des oligarchies actuelles ou autres formes mutantes ou clonées des démons du passé. Existe-il aujourd’hui des forces démocratiques et patriotes assez mûres et fortes pour échafauder un tel projet ? Les consciences des algériens d’ici et d’ailleurs y sont-elles préparées pour un tel projet ? Je ne tiens pas les réponses à ces questions mais j’ose croire que le mouvement citoyen de 1962 «  7 années ça suffit » revienne en « 56 années ça suffit ».     

5. Comment se protéger contre la déstabilisation

5.1 La connaissance.

Je disais à un étudiant palestinien, que je désapprouvais la lutte contre l’occupation sioniste par le fanatisme, de longues listes de candidats au martyr et des actes terroristes aveugles. A mon sens, la meilleure résistance aujourd’hui serait d’éduquer les enfants palestiniens encore et encore. Bien leur apprendre leur histoire, puis faire de la connaissance une arme redoutable retourner contre l’occupant sioniste bien supérieur à vous aujourd’hui. Si vous ne maîtriser pas parfaitement les langues occidentales, si vous n’êtes pas d’excellents orateurs et érudits en sciences politiques, droit international et sciences sociales vous ne ferez pas avancer votre cause. Si un enfant israélien étudie 38h par semaine un enfant palestinien devra en faire 60h : c’est cela mon sens du « Djihad ». Par le savoir, l’éducation et la connaissance, vous vaincrez !

Pour nous algériens c’est une même leçon. Nous devons hisser les enfants de l’Algérie, aussi haut que possible dans la connaissance. C’est à notre portée aujourd’hui encore. Il faut des efforts certes, mais c’est quand même accessible. L’ignorance est notre plus grand ennemi. Malheureusement,  le pouvoir a transformé notre société en accordant peu de considération aux gens du savoir mais respecte bien plus les gens du « flous » (argent) preuve en est : combien d’étudiants algériens sont candidats à l’exil ? C’est le début de la décadence. Une jeune génération qui ne sait pas qui elle est, d’où elle vient, son histoire millénaire et révolutionnaire, sa place dans la société, sans éthique ni morale, avec une méconnaissance des vraies valeurs de l’islam, formera une pépinière des djihadistes aux groupes Al Qaïda ou Daech, ou  des candidats «Haragas» désœuvrés sans repères et capables du pire. Demain, privée des avantages accordés aujourd’hui, cette jeunesse désœuvrée mordra la main qui lui offre sa pâture.

Ce désœuvrement et perte de repères identitaires, c’est d’abord la responsabilité des parents puis du système éducatif et bien sûr de l’Etat qui poussent ainsi notre jeunesse à s’inscrire aux registres de toutes les dérives, comme le trabendo,  la délinquance, le djihad terroriste, voire l’exil .

5.2 La décentralisation :

Un autre moyen de lutte contre la déstabilisation est la décentralisation du pouvoir. Compte tenu de la taille du pays et la diversité des régions et mentalités, il est impératif à mon sens de donner aux vrais élus locaux plus de prérogatives et de moyens de gouvernance locale. Notre système de gouvernance nous a conduit à une terrible guerre civile qui a failli nous plonger dans un califat modèle «Daech».

La concentration des pouvoirs dans les mains d’un seul homme ou d’un petit groupe mène tôt ou tard vers le chao. Une transition apaisée l’Algérie peut emprunter cette voie. Responsabiliser et impliquer les populations locales et leurs élus dans la vie de leur wilaya, sur les plans de l’aménagement du territoire, des services publics, de l’environnement, des investissements, du développement économique (industrie, agriculture et services), de la culture et des échanges avec d’autres régions en Algérie et à l’international. Qui connaît mieux les problèmes qui existent et les solutions à apporter que les habitants de ces régions et aucun ministre ou premier ministre ne peut prétendre s’y substituer lors d’une visite occasionnelle médiatisée par la chaîne nationale. Bien que la colère des habitants de plusieurs régions gronde «nul n’est plus sourd que celui qui ne veut pas entendre».

Dans certains cas il serait judicieux de réunir plusieurs wilayas pour former une région avec un conseil régional élargie. De ce fait le Wali perdra alors les pleins pouvoirs actuels pour mieux gérer ses prérogatives usuelles de sécurité et souveraineté de l’Etat. Le pouvoir central devra alors composer.

5.3 Le lobbying international :

Durand la décennie noire, nous nous sommes rendus compte en fait qu’aucuns pays voisins ou éloignés ni aucune institution n’ont levé le petit doigt pour nous aider à vaincre l’islamisme intégriste. D’aucuns observaient passivement, certains nous fermaient leur portes comme des pestiférés et enfin d’autres se réjouissaient que l’Algérie sombrait vers le chao, pour ne pas citer ceux qui aidaient les groupes terroristes. Notre pays entra alors dans un autisme complet et seuls les décomptes morbides alimentaient les « 1 » des titres à l’international, accompagnés du fameux adage : Qui tue qui ?

De ces événements malheureux nous pouvons tirer au moins 4 leçons.

La première leçon est que nous n’avions nulle part « d’amis » et à ce jour encore. La deuxième est que nous n’avions pas de politique,  moyens et relais puissants de communication qui puissent attiraient un autre regard sur notre situation et à ce jour encore. La troisième est que notre diplomatie a été très médiocre. La quatrième est que nous n’avions aucun réseau de lobbying à l’international pour nous aider à surmonter une menace existentielle et à ce jour encore.

Un pays comme l’Algérie, compte tenu de sa position géographique, de sa taille, de ses richesses énergétiques ne pourra pas survivre dans la paix et la prospérité sans bâtir un solide lobbying international.

6. Selon vous, comment rétablir la confiance et rassembler les Algériens ?  

Comme je l’ai déjà écris, il n’y a aucune possibilité au changement dans la continuité, car le mal est dans   notre mode de gouvernance qui nous mène à l’impasse et à l’échec.

Plusieurs pays vivent une pareille errance, qu’ils disposent ou non de richesses naturelles. L’histoire récente de certains pays de l’Europe de l’Est m’inspire, de même que des pays comme l’Ethiopie, le Vietnam, la Malaisie ou l’Indonésie nous montrent en partie des chemins à suivre. Aucune transposition intégrale de leurs actions n’est concevable cependant le recours à des actions inédites a montré l’efficacité pratique.

Il s’agit d’abord d’engager une rupture puis proposer un projet fédérateur que j’appelle « Algeria First » autour duquel il faudra rassembler notre peuple pour sortir définitivement d’une fragilité économique systémique qui nous angoisse et nous paralyse.

A quoi consiste ce projet ?

Il serait fastidieux ici d’en faire une description complète mais en listant ci-dessous sommairement treize (13) points, des lecteurs avertis en décèleront le contenu. Toutes ces mesures et actions ne sont pas forcément nouvelles, mais bien à notre portée et assurent, si elles sont réellement appliquées, une rupture avec le système rentier et une ouverture aux entrepreneurs algériens vers une économie réelle, une voie qui mène à l’espoir et à la confiance en l’avenir.  

  • Une politique économique fondée sur le compter sur soi avec l’apport technique des autres Fusionner définitivement le commerce et l’industrie : Oui au commerce qui engendre un développement industriel (limitation de la revente en l’état et recherche systématique d’une valeur ajoutée locale). Adapter nos textes légaux et réglementaires à nos objectifs. Accompagner fermement les start-up et les PME/PMI. Encourager également les microentreprises par des micro-crédits adaptés aux artisans.

  • Une politique industrielle intégrée : Il est éminemment salutaire pour l’Algérie de s’agripper à une véritable politique industrielle intégrée visant à croître ses capacités de production, densifier la matrice des activités, accompagner la sous-traitance locale et internationale, promouvoir des produits algériens de qualité, fabriqués par notre industrie et commercialisés à l’intérieur et à l’extérieur du pays, réduisant progressivement le déséquilibre de notre balance économique.

  • Mobilisation des compétences : mobiliser les compétences nationales et attirer les non résidents. Les postes clefs des entreprises stratégiques et banques publiques ouverts à la concurrence.

  • Partenariat national : Partenariat Public Privé (PPP), Délégations d’exploitation pour les utilités (eau, électricité, gaz) et parcs industriels.

  • Partenariat international : Engager des Partenariats d’exception à long terme avec des pays comme les USA, l’UE, la RP de Chine, la Corée du sud, l’Inde, le Brésil… Adapter nos lois et nos codes pour attirer des partenaires investisseurs.

  • Investissements extérieurs : Permettre aux entreprises algériennes d’investir dans des sociétés étrangères qui disposent d’un savoir faire nécessaire à l’Algérie   

  • Zones d’activités industrielles : le long de l’autoroute Est-Ouest sur les différentes wilayas réaliser des zones industrielles aménagées par l’Etat mais en gestion déléguée privée et proposées avec grandes facilités d’installation aux investisseurs et promoteurs privés.  

  • Plan « Marshall » pour l’agriculture : Plan de relance de grandes exploitations agricoles privées dans les céréales, les oliveraies, les cultures industrielles. Mise à disposition au profit du secteur agricole +60% ressources hydriques disponibles (barrages, forages, puits albiens…) avec une modernisation de systèmes d’irrigation intensive. Encouragement des fermes d’élevage intégré (300-400 vaches de traite). Production d’aliments pour animaux d’élevage et poissons. Cultures sahariennes et intercalaires. Relever hautement le niveau technique des agriculteurs et des fermiers. Proposer des AGF (5) aux exploitants agricoles. Expansion de l’exploitation des ressources halieutiques notamment par une modernisation de la flotte, d’une formation pour les pécheurs et les éleveurs aquacoles.  

  • Délégation des pouvoirs économiques aux autorités élues régionales : Conférer aux autorités élues régionales  toutes les initiatives économiques et commerciales.    

  • Ouverture de l’enseignement supérieur aux investisseurs privés locaux et étrangers (universités) : Autoriser l’ouverture d’universités techniques privées multi linguistes.  

  • Ouverture d’établissements médicaux spécialisés (hôpitaux et cliniques) aux investisseurs privés locaux et étrangers. Réduire progressivement le recours aux soins spécialisés à l’étranger par une offre locale de soins de qualité.

  • Construction et/ou aménagement de ports orientés vers l’exportation : à l’instar de notre voisin doter notre pays d’une plateforme portuaire équipée et orientée vers le processing et l’exportation incluant tous les services administratifs.

  • Aménagement d’une plateforme d’ouverture africaine à Tamanrasset : Raccordement des ports de Annaba et Jijel par réseau autoroutier à la plateforme de Tamanrasset. Plaque tournante d’ouverture de la méditerranée vers les marchés africains (zones sous douanes, magasins centraux,  logistique, etc.)

7. En conclusion, quel est votre message aux Algériens  

Je ne souhaite pas d’autres épreuves tragiques au «bateau Algérie» voulant l’éloigner de la zone de tempête où il se trouve. Pour ce faire, j’appelle les intellectuels algériens d’ici et d’ailleurs de procéder sans complaisance à un examen très lucide, analytique et cognitif de la situation et d’exprimer leurs points de vue sur les différents segments de la vie économique et sociale tels: Education-formation, Santé, Stratégie industrielle, Modernisation de l’agriculture, Culture financière des acteurs économiques, Efficacité de l’administration, Relance & croissance des entreprises, Réduction des déséquilibres régionaux et inégalités sociales, Formation civique et politique de la jeunesse et tant d’autres domaines…

Pour vous tous où que vous soyez, observer dans un silence complice le cours de choses, est un quasi-délit : Non assistance à pays en danger.

Je crois fermement que les algériens disposent d’énormes talents et sont capables de réagir pour relever ce défi. Nous devons impérativement saisir nos valeurs et nos principes pour reconstruire une société ouverte à la culture, l’inovation et au développement économique, technique et social, conjuguant la modernité et l’émancipation par le travail et la connaissance.  

L. G.

(*) Lies Goumiri est docteur d’Etat ès-sciences de l’Institut National Polytechnique de Grenoble (France) et diplômé de Sciences Po Paris. Il a occupé d’importants postes dans l’administration centrale, CEO dans plusieurs entreprises publiques et privées et institutions internationales. Il a été associé à plusieurs missions de l’ONUDI et enfin consultant pour divers organismes et sociétés étrangères asiatiques.

Nottes

(1)  Phrase prononcée par le Président E.Macron lors de sa visite officielle à Alger face aux jeunes algériens.

(2) L’accident du vol 9525 de Germanwings, vol régulier qui reliait Barcelone (Espagne) à Düsseldorf (Allemagne), est le crash survenu le 24 mars 2015   dans les Alpes françaises, suite à un acte volontaire du co-pilote atteint mentalement.

(3)La Table ronde des Industriels européens (European Round Table, ERT) qui rassemble les 49 plus grandes entreprises européennes, situées dans 18 pays de l’UE qui représente le lobby européen le plus puissant à Bruxelles.

(4)La Business Roundtable  BR est un lobby conservateur des dirigeants des grandes entreprises américaines créé en 1972 par John Harper pour faire pression sur les politiques publiques et économiques du Gouvernement fédéral des États-Unis à l’intérieur comme à l’international.  

(5) Assurances, Garanties et Financements spécifiques au secteur agricole

 

          

 

Auteur
Llies Goumiri (*)

 




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