20 avril 2024
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Quid de l’Algérie d’après ?

TRIBUNE

Quid de l’Algérie d’après ?

Toutes les personnes avisées s’accordent à penser que leurs projets, leur pays, leur région et le monde seront différents lorsque que la pandémie du Covid-19 s’estompera.

Tout va changer : la mondialisation, la globalisation, les alliances, les unions régionales, les « G », les GAFA, les BRICS, les stratégies industrielles, la transition énergétique, les modèles de consommation : alimentaire, énergétique, le tourisme, les échanges commerciaux, les valeurs morales, la célébration des rites religieux, les modèles de république, les systèmes de santé publique, le système éducatif et d’enseignement, la présence physique aux postes de travail et je pourrai continuer ainsi à décliner sur plusieurs lignes d’autres composantes des changements qui s’annoncent. 

Chaque pays observe figé sa vulnérabilité, ses faiblesses notoires, ses insuffisances, ses incertitudes, ses alliés, ses partenaires, ses membres communautaires, ses couches sociales, ses moyens de production, ses lacunes et carences, ses incapacités. Le doute est bien là, personne n’a de certitudes et les plus forts semblent aujourd’hui si faibles !

Les citoyens du monde protestent massivement, indignés de constater que ceux qui dirigent, soient si peu : fiables, compétents, responsables et précautionneux. Tous les habitants de la planète, quelque soit le pays, réalisent soudain qu’ils sont seulement des choses au service de systèmes, de machines, de logiciels, de connections, de réseaux. Dans le cas d’espèce, les armes sophistiquées, les missiles, les porte-avions, les sous-marins ne servent plus à imposer ou protéger, ni garantir la sécurité. L’argent n’est plus roi, les riches et pauvres sont ici logés à la même enseigne et on redécouvre l’adage qui dit « oui la vie est injuste seule la mort est impartiale ».

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Beaucoup de pays travaillent sur une reconfiguration de leur gouvernance, modèle économique,  système de santé, modèle de consommation, stratégie industrielle… 

Aujourd’hui, dans le monde, un grand nombre de gouvernants comprend qu’il faille repartir certes, mais différemment. Pour nous, quel projet politique, quel modèle social, quel futur économique et à quel rythme ? 

Durant un demi siècle, nos dirigeants n’ont jamais écouté leurs propres institutions et surtout pas les élites sauf lorsque ceux-ci les soutiennent et les confortent dans leurs démarches et leurs sombres desseins. Oui, ils pensaient tout savoir avec une autosuffisance provocatrice et méprisante. Notre système de gouvernance fût bâti sur l’exploitation optimale de la rente pétrolière d’une part et l’autorité, la répression, la domination, l’exclusion et l’opacité d’autre part et enfin, une redistribution populiste et sélective. En particulier, ces deux dernières décennies, la fraude et la corruption à tous les niveaux de la société ont constitué le ciment d’une partie agissante des Algériens contre la aïssaba (la bande).            

Aujourd’hui, l’Algérie n’échappe pas à ce bouleversement et je veux bien accorder crédit à nos gouvernants actuels, qu’ils s’emploient et travaillent intensément sur un plan B. Il est clair qu’il faille repartir aussi vite que possible mais surtout autrement. 

La première décision à prendre serait de choisir entre un durcissement du pouvoir centralisé et répressif ou une gouvernance participative élargie,  qui fédère et qui rassemble. Soyons clair en matière de fédération, il ne s’agit surtout pas de reconstituer une alliance présidentielle comme dans un proche passé.

La deuxième décision porterait sur un nouveau modèle de développement durable à l’opposé du système actuel.   

1/ Que constate-t-on ?  

Le gouvernement actuel a largement passé l’étape des 100 jours et rien ne semble poindre qui puisse nous rassurer. La pandémie semble être un argument de poids qui autorise toutes les dérives, les hésitations, les maladresses, les injustices, les errances, les silences, les opacités. Dans cette lutte pandémique, les mesures de mobilisation de moyens financiers et des corps organisés de l’Etat, devraient leur conférer un blanc seing et toute notre confiance voire notre admiration. 

Loin s’en faut, les scandales continuent, les abus et les passe-droits se passent sous nos yeux, des vieux démons et plusieurs acteurs de notre ruine, au mépris du Hirak, se dressent face à nous comme la statut du commandeur.

Que se passe-t-il donc en coulisses ? Comment le pouvoir se recompose-t-il ? Qui contrôle quoi ? Nous, citoyens, sommes seulement des spectateurs dans un théâtre où se jouera l’une ou l’autre pièce intitulée : Le Salut ou la Damnation.  

J’estime que l’Algérie est en danger et que notre pays ne peut être stable durablement que si nous rompons brutalement tant nos habitudes et notre mode de consommation mais aussi les mécanismes de fonctionnement de l’Etat.

2/ Comment l’Algérie va-t-elle se réveiller après le déconfinement ?  

Aujourd’hui, nous observons que les mesures économiques rationnelles qui sont à notre portée, n’ont pas été prises conséquemment. 

2.1 Les produits de consommation courante : Dans plusieurs articles précédant (**), j’ai indiqué quelques composantes de nos importations courantes: les denrées, le papier, les carburants, les automobiles, les innombrables intrants et d’autres part les consommations intérieures notamment  l’énergie électrique. J’ai aussi pointé des solutions pour d’abord changer quelque peu nos habitudes de consommation des produits de base de notre consommation courante de sucre, café, blé tendre, légumes et fruits secs, corps gras bruts, poudre de lait (en majeure partie importés) puis réduire mais aussi produire localement une partie, mais aussi de produire ailleurs ( par le biais d’investissements judicieux en Afrique, Amérique latine et autres pays) à l’instar de ce que font les pays puissants.

2.2 La bureaucratie algérienne en plus d’être un frein au développement économique du pays, ouvre un canal élargie de toutes formes de corruption. Elle est consommatrice de quantités phénoménales de papier que nous ne produisons pas et enfin les supports électroniques peinent toujours à se substituer à la paperasse. La numérisation, la traçabilité, la transparence et fluidité des actions et actes administratifs agiront comme le font les pesticides aux parasites, aux vermines, aux criquets, aux rongeurs et autres fléaux qui minent notre pays si tant est l’objectif prioritaire de nos dirigeants.  

2.3  La réduction de la consommation d’énergie électrique est à l’ordre du jour dans tous les pays, elle est présentée comme un enjeu capital et stratégique. Sans m’étaler longuement sur ce sujet récurrent, nous attendons toujours la suppression totale des lampes à filament.

Par ailleurs, bien plus consistant, l’isolation thermique dans la construction n’est pas inscrite comme priorité (on construit en ce moment et comme auparavant dans les Hauts Plateaux, le grand sud, ainsi qu’à Hassi Messaoud en béton-briques ou parpaings) et enfin les appareils énergivores de climatisation se sont généralisés à marche forcée. Ainsi, malgré de nouvelles centrales thermiques, Sonelgaz ne pourra en définitive jamais couvrir la croissance effrénée de la consommation nationale engendrée en grande partie par un important programme de construction de bâtiments énergivores par des entreprises étrangères.

2.4 Les transports

Sonacome a créé PVP dans les années 1970, chargée de la production de véhicules automobiles particuliers. Depuis un demi-siècle nous n’avons jamais produit un seul véhicule algérien mais cependant importé des quatre coins du monde (Europe, Amérique latine, Asie) des centaines de milliers de véhicules circulant dans des villes sans parking et sur des routes dégradées. Aujourd’hui, nous sommes toujours ramenés à débattre sur des quotas d’importation de véhicules neufs, usagés ou assemblés (SKD ou CKD) en Algérie. Exactement les même questions qu’on traitait au 11ème étage de l’immeuble Bey, au cabinet du Ministère de l’Industrie Lourde en 1989. 

En fait le problème du transport urbain (puisque que 80% des algériens vivent dans un peu plus de 20 villes sur une bande littorale de 200 km), se résume aux importations ou au montage de modèles étrangers d’automobiles. Durant un demi-siècle, l’état a omis d’assurer aux citadins un service public de transport en commun adéquat pour dissuader les ménages de se doter d’un véhicule pour chacun des membres majeurs d’une même famille. 

N’est-il pas utile de rappeler que le premier tramway électrifié a été mis en service en 1898 à Alger-centre (*),  juste après Saint Petersburg 1885 et Paris en 1895. Quelle était la situation du transport urbain en Corée, Dubaï, Doha, Djedda à cette époque et qu’en est-il aujourd’hui ?  

Depuis les années 1970, la paralysie de la circulation urbaine n’a cessé de s’amplifier et qui coûte par année au pays l’équivalent de plusieurs milliers de mètres linéaires de métro. Et pourtant, il existe de grandes villes dans l’autre rive où l’usage d’un véhicule privé est superflu tant les transports en commun sont développés. Ces quelques exemples illustrent bien que nous n’avons pas eu des dirigeants visionnaires capables de mener des politiques stratégiques de transport celles qui pourtant sautent à nos yeux. 

2.5 Mode de fonctionnement de l’Etat

Nous avons pris le train de la mondialisation en retard et y sommes accrochés sans y être installés. En fait nous la subissons sans y trouver réellement notre compte. Aucun changement ne viendra sans une modification radicale du mode de gouvernance qui a traversé successivement cinq décennies, d’un système qui paralyse l’initiative et qui reproduit inéluctablement les mêmes schémas. Aucune réforme n’aboutira sans changements profonds de l’Etat, du système et des organes qui l’articulent.

Quand nos dirigeants comprendrons-t-ils que pour notre salut  nous devons effectuer une rupture totale et brutale avec les anciennes idées, idéologies, les concepts, les schémas, les modèles, les stratégies mortifères conçues par des institutions et cabinets étrangers qui nous mènent à la ruine, à une paupérisation constante,  à une perte de notre substance et enfin à l’extinction de notre génie national.

En définitive, j’observe attentivement mon pays depuis mon âge conscient de 1959 et j’ai du mal à me résoudre qu’on a fait tout faux. La lutte de libération nationale a produit de grands hommes d’Etat, cependant depuis l’indépendance nous n’avons vu que des hommes politiques qui n’ont pas su malheureusement construire une nation. C’est justement à l’indépendance que nous avons effectué un faux départ car les hypothèses et les concepts idéologiques de base étaient erronés. 

Désormais, nous avons l’obligation de réfléchir mieux et plus encore avec une parfaite connaissance et analyse du chemin parcouru dans l’errance, le fourvoiement et la fitna. Nous devons être plus que jamais unis, clairvoyants et vigilants afin de déjouer les manœuvres des faux génies, des professeurs «Tournesol», des faux dévots prédicateurs, des politiciens aux visions simplistes, de certains experts internationaux, des «Don Quichotte» courant après les vents dans leurs fantasmes. 

Non, je ne crois ni aux miracles, ni aux hommes providentiels. Aucune aide ne nous viendra ni du ciel, ni de pays qu’on dit « amis ». Quel que soit l’arsenal militaire qu’on dispose et le nombre de divisions qu’on pourrait aligner, notre vulnérabilité restera intacte à l’effondrement ou l’implosion. Il y a plein d’exemples qui illustrent mes propos à l’instar de l’Irak.

Enfin, quelle que soit la reprise des  prix du pétrole, nous ne pourrons même plus acheter un équilibre instable. 

Je le dis et le répète cette quête de souveraineté telle que proclamée et sur laquelle on échaffaude un projet national,  n’est qu’illusion, une vue étroite de l’esprit et qui nous invite à emprunter tous ensemble une autre impasse. 

Les Algériens ont trop souffert, meurtris, trahis, humiliés, dépossédés, méprisés, déconsidérés, pillés. Leur histoire a été falsifiée, leur présent plombé, leur avenir confisqué.  

Alors que veulent-ils désormais ? Que faut-il faire pour assurer notre unité, une stabilité et offrir un avenir prospère aux enfants de ce pays ? 

Les réponses à ces questions ont été clamées haut et fort dans toutes les rues des villes algériennes le 22 Février 2019. L’Algérie doit se reconstruire autrement par ses enfants, en suivant la voie ouverte par le grand timonier le «Hirak».  

L. G.

(*) https://amtuir.org/05_htu_tw_france_50/liste_alpha_tw_50/alger/texte_al.htm

(**)  www.lematindalgerie.com/quelle-place-et-quel-avenir-pour-notre-agriculture

 www.lematindalgerie.com/quelle-politique-de-leau-en-algerie-ihttps://lematindalgerie.comquelle-politique-de-leau-en-algerie-ii

www.lematindalgerie.com/lalgerie-retour-vers-le-futur-2029

www.lematindalgerie.com/lalgerie-besoin-dune-strategie-industrielle-globale-et-coherente

 

Auteur
Lliès Goumiri

 




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