27 avril 2024
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Saïd Sadi et l’histoire

OPINION

Saïd Sadi et l’histoire

La récente contribution Saïd Sadi publiée sur sa page FB suscite le débat  et des questions et mon propos ici s’inscrit dans cette optique puisque la publication est publique je me permet de commettre cette critique qui je l’espère permettra un débat le plus large et le plus riche  possible. 

D’entrée de jeu le Dr Sadi  affirme en posant deux postulats qui méritent d’être nuancés tout au moins relativisés : La blogosphère est plurielle de même que nous trouvons des sites qui qui glorifient l’arrêt du processus électoral de décembre  1991 ou le 02 Janvier 1992 est célébré comme une date de sauvetage de l’Algérie et les chantres de la doxa islamiste quand aux principes démocratiques, ils ont fait du chemin et leur articulation comme préalables à une transition politique devant les consacrer , et ne sont plus des enjeux de projet de société . 

Effectivement Rachad table sur ce qui reste du FIS pour avoir un maillage dans la société et éventuellement profiter de ses connexions internationales mais des informations plus concrètes et moins génériques donnerait du crédit à l’assertion.   

Je souscris totalement au rappel du principe démocratique qui récuse la violence et d’avancer à visage découvert et cette double affirmation justifiée tant sur le plan rhétorique que dans la pratique démocratique ; mais cela  m’amène à poser la question suivante  : Quelle lecture fait le Dr Sadi de son positionnement lors de l’arrêt du processus électoral de Janvier 1992, de son soutien affiché aux généraux putschiste qui ne s’étaient embarrassé d’aucun impératif démocratique  et en premier celui de récuser la violence , de n’avoir pas dénoncé les manquements graves lors de la création des centres de détention rappelant des camps d’une autre époque ? 

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Et pourquoi ne s’estil pas singularisé par la quête d’une solution  politique à un problème lui même politique. N’a-t-il pas au même moment apporté sa bénédiction lors de la création des GLD et des groupe d’auto défense ?   

Concernant les filiations toxiques de Rachad , ces  assertions gagneraient à êtres étayées par des faits sinon la crédibilité pour le besoin de la démonstration serait mis à mal et ôteraient de fait la dimension générique du propos et je formulerais le même reproche sur 

Les connexions internationales et les relais financiers de Rachad sont présupposes mais nullement confirmées par des faits . L’absence de références de liens sur les centres de recherches de documentation, quand à l’existence des sites  de radicaux islamistes cela est loin de constituer un scoop…

Quand à la logistique médiatique c’est une réalité  des environnements démocratique ou sont implantés des citoyens se réclamant de courant ,est loin de constituer une exception pour les islamistes mais Le Dr Sadi a raison de soulever ce point dans le sens ou l’indigence des médias engagés en faveur de la révolution avec son pendant démocratique a quelques exceptions prés est manifeste. 

A la question est ce que la présence des éléments de Rachad dans les collectifs opérants sur le terrain doit elle inciter à la vigilance ?  Je dirais oui  parce que cette situation permet la clarification à la question sous entendue sur la prétendue collusion et l’effet nuisible prétendument amplifiée par cette présence n’infantilise-t-il pas  celles et ceux de nos concitoyens en gagés dans ce processus révolutionnaire ? 

à la question : est ce que la bataille médiatique autour du présumé contrôle de la révolution est remporté par les relais Islamistes ? 

La question est pertinente mais non dénuée d’arrières pensées. 

Pour cela il aurait fallu faire un inventaire exhaustif des médias islamistes ou considérés comme tel et de ceux ouvertement engagés en faveur de l’option démocratique, quand à la clarification démocratique le débat à l’intérieur des collectif et les rapports de force en fait une réalité et le brouillage politique ne devrait à mon sens être agité comme un voile  de discrédit sur toutes ces légitimités qu’on le veuille ou pas consacrées par cette situation.             

Le rappel historique perd de sa pertinence pour deux raisons puisqu’il concerne la période des années 1990 et le fonctionnement en factions fascisantes est loin d’être l’apanage des mouvements islamistes …et l’analogie avec les factions fascisantes s’est complètement affranchie des règles qui encadrent ce genre d’évaluation.  

La mise en demeure de Rachad de dénoncer les fetwas à l’encontre de Kamel Daoud et Amine Zaoui est certes pertinente et mérite d’être retenue et il le sait bien plus que d’autre que Kamel Daoud fédère contre lui tout les conservatismes y compris ceux qui  en Kabylie qui dénient aux femmes leurs droit à l’héritage.

Saïd Sadi relate sa propre expérience (acte condamnable qui relève du harcèlement)  libre à Saïd Sadi d’expliquer ou non les raisons qui l’ont conduit à élire domicile en France  de manière à couper court aux rumeurs les plus folles. 

Concernant la vie des différents collectifs activant dans le cadre de l’organisation du rassemblement hebdomadaire à la place de la République (Paris) est loin d’être un long fleuve tranquille et un bloc monolithique, réalité qui ne devrait pas échapper au vieux militant politique qu’est le Dr Sadi, sans oublier le travail de sape fait par les relais du système, mais si l’artifice rhétorique utilisé ici n’avait d’autre but que de sous-entendre la mainmise de Rachad sur les destiné de ce collectif ? Le Dr Sadi devrait nous le clarifier ou du moins saluer les efforts consentis par beaucoup de concitoyennes et concitoyens pour faire vivre cette dynamique, je regrette qu’il n’ait retenu qu’un incident mineur au passage pour se livrer à une tautologie dont la conclusion implicite est à la limite de la condescendance .  

L’invocation de la Kabylie et de la question amazighe comme des variables d’ajustement dans le discours politique permettant de jeter un voile de discrédit sur les acteurs accusés de collusion et d’en faire des alliés objectifs des islamistes…qui en réalité ne sont ni des disponibles … ni pour une instrumentalisation du type Janvier 1992 encore moins acquises à un compromis sur les impératifs démocratique ,pour illustrer le contraire de ces allégations  la simple consultation des murs des réseaux sociaux de ces différents acteurs suffit à ne laisser ne laisser planer aucun doute sur ces question, cet artifice rhétorique signe le discours du Dr Sadi lorsqu’il s’agit d’écarter des esprits libres qui n’abondent pas dans son sens .  

L’exemple de la nature trouble des relations  entretenues par les organisations politique et le régime sont loin de constituer une révélations , il est de notoriété publique que la domestication des partis par le régime  depuis l’ouverture ayant suivi octobre 1988 est une constante et concerne l’ensemble des organisations politiques et présenter cela comme un autre scoop est un peu…cynique reste à savoir si le Dr Sadi serait prêt lui même à nous dévoiler les dessous des relation qu’il aurait  entretenu avec l’ex chef du DRS … 

L’évocation des victimes de la décennie noir semble obéir à l’élaboration argumentaire, alors que la genèse de la violence politique en Algérie est loin de se résumer à celles des  islamiste que je ne dédouane nullement dans mon propos, mais cette indignation sélective fausse le rapport à l’histoire même avec vingt ans de recul et sur ce sujet le travaux des historiens ne manqueraient certainement pas de nous surprendre, les témoignages des uns et des autres seraient les bienvenus 

La figure de style qui rappelle à juste titre que la démocratie n’est pas la tyrannie de la majorité, est certes valable dans son contexte mais  ne permet elle pas de justifier à priori ou à posteriori que l’on s’aligne sur l’option de l’arrêt du processus électoral qui n’est qu’un coup d’état , encore faut il rappeler que la démocratie est une somme de pratiques d’abord  et que leurs consécration avec l’édification d’institutions qui consacrent leur pérennisation et de permettre l’expression ainsi que l’intégration du plus grand nombre possible de courants politiques avec les règles démocratiques adoptées comme préalables et non comme projet de société soumis au joutes électorales.  

Les contributions du Saïd Sadi ont le mérite d’exister et peuvent être pertinentes, mais cette formidable jeunesse qui est loin d’être ex nihilo ne se sont nullement parasitée par une contribution et contrairement au sous entendu, elle dispose d’une capacité de débat que beaucoup de militant des générations précédentes  pourraient lui envier , la n’est pas le problème mais plutôt les relents parfois paternalistes exprimés par Saïd Sadi. Faut-il rappeler aussi qu’à chaque phase de transition de nouveaux paradigmes voient le jours et que de nouvelles légitimités sont consacrées et que vouloir les mettre sous tutelle ne serait ce que par le discours relèverait il peut-être  d’un refus de céder le flambeau ? 

Le droit et devoir d’inventaire permettraient sans doute une rupture générationnelle la moins brutale possible dans le camp démocratique.   

Effectivement s’inscrire dans le mouvement de l’histoire par les exigences qui sont les siennes relève aussi du rapport que l’on a avec celle ci, et l’inconséquence  quand à elle n’est pas l’apanage d’une ou plusieurs catégories de personnes ou de courants mais découlerait de sa propre capacité à projeter des visions porteuse d’espoir pour le plus grand nombre et cela sans que cela ne revête une quelconque dimension messianique.      

La conclusion sur la commission sur la décennie noir  la question mériterait d’être posée à l’ensemble des acteurs politiques et militaires de l’époque y compris le Dr Sadi, cela est un minimum que l’on doit à la mémoire collective et permettre la refondation nationale que porte cette dynamique révolutionnaire 

La conclusion du Dr Sadi sur la chance historique que représente la dynamique révolutionnaire au courant islamiste de s’insérer dans la future Algérie comme courant conservateur acte une évolution majeure de sa pensée et constitue une piste à creuser même si l’idée n’est pas nouvelle  , 

La sécularisation à marche forcée de l’Algérie est une dimension qui brille par son absence dans la construction de l’argumentaire  du Dr Sadi, la complexité de la réalité algérienne qui n’a plus rien à voir avec celle des années 1990, non plus, n’est pas prise en compte les mutations profondes de la société Algérienne  ,les contingences de l’histoire récente et du rapport que les Algériennes et les Algériens ont développé avec cette dernière semble avoir été escamoté. 

La résurgence du refoulé politique à la faveur de la dynamique révolutionnaire a permis aux  Algériennes et les Algériens se réapproprient leur histoire autant dans sa dimension symbolique que  son contenu et que le récit national ne pourrait se réduire à un simple rapport binaire des rapports de forces, ce qui a  permis d’introduire des éléments de nuance. C’est justement cette situation nouvelle situation que s’apprécieront les contributions du Dr Sadi.      

 

Auteur
Boukhalfa Ben Mamar

 




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