Mardi 26 mai 2020
Tahar Djaout, le soleil dira toujours ton nom
Le fantôme de ma jeunesse ne chante que pendant les nuits d’orage
N’ouvre pas la fenêtre
Il s’élance
Plus léger que l’innocence du matin
Pour accueillir la joie des hommes
Mais l’aube sent la mort
En face de chez moi
Il y avait ce jeune homme très hésitant
Ses mains tremblent
Il apprend sa leçon
La mort se balance
Dans mon ciel
Soutenant l’espoir
Comme le lampion au-dessus du bal
La douleur est ce violon qui a trouvé son maître
Je veux m’éloigner de lui
Me sauver
Mais puis-je désavouer
Mes frères
Je n’ai vu dans ses yeux que le soleil
Que l’écriture de la haine efface
Sur le chemin de la mer
Je crois qu’il va me tuer
Et mon corps se voûte
Dans l’horrible cri
Nous les Algériens
Avons-nous assez fréquenté la tristesse
Ce non que nous avons crié à toutes les défaites
Nos fiertés magnifiques
Je reçois sa balle
Comme un baquet d’eau fraîche
Son rire fraternel a brisé mes os
Nous luttons étrangement pour vivre
Celui
Qui a des lèvres luisantes de sang
Qui un jour furent des baisers
Sur la toison de la terre
Vos mains déplacent les prisons sur nos têtes
L’oiseau de ma jeunesse
C’est bien lui qui s’allonge
Au soleil
Sur le trottoir
Nous nous sommes regardés
Comme deux vagues soulevées
Ne pleure pas
Il chantera demain
Pour la liberté