25 avril 2024
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Un peuple en mouvement, des « élites ! » en embuscade 

REGARD

Un peuple en mouvement, des « élites ! » en embuscade 

Le pétrole est une rente précieuse pour le pouvoir.

«Le jour où le peuple sera intelligent, il sera souverain » Victor Hugo.

Cela a été dit, nul ne choisit la famille dans laquelle il naît, le pays dont il sera citoyen l’époque dans laquelle il doit vivre. Etant tributaire de l’extérieur, l’Algérie est dominée et fragile. Enjeu géopolitique et économique vital, l’Algérie intéresse. L’importance de l’énergie est fondamentale pour l’économie européenne. L’accès et le contrôle de ses gisements sont l’une des préoccupations majeures des pays européens. La rente constitue l’appât, le sacrifice de la population, le prix.

L’utilisation de la rente sur le plan politique et social en fait un instrument de la corruption de la société dans son ensemble. Elle fonde, la légitimité du pouvoir qui s’appuie sur le marché mondial pour satisfaire les besoins alimentaires de sa population. Compte tenu de la progression démographique et de la chute vertigineuse de la production locale de subsistance, l’avenir ne peut être envisagé avec optimisme. C’est pourquoi, l’Etat connaîtra une instabilité d’autant plus grande que les problèmes politiques, économiques et sociaux deviendront plus aigus.

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Devant la crainte d’une rupture brutale et soudaine des approvisionnements en énergie, les pays européens s’inquiètent de cette instabilité durable de l’Etat. C’est en son sein que sont signés les « gros marchés » passés avec l’étranger. Le signataire des contrats doit être dans la poche pour la poursuite des affaires.

Pour réguler le changement (des hommes surtout pas du système), ils suggèrent à leurs interlocuteurs sollicitant un appui, l’accès au pouvoir à une équipe relativement jeune acquise à la « modernité ». Modernité dans le sens de l’imitation servile des idées et des habitudes de consommation occidentale sans rapport avec les capacités de production propre du pays ou la couverture des besoins essentiels de la population.

Pourtant, c’est bien cette imitation aveugle, à sens unique qui a affaibli la capacité de résistance du pays et la cohésion des larges couches de la population. Il s’agit de savoir si cette élite ciblée est capable d’imaginer, de définir et de mettre en œuvre un modèle politique et économique d’un développement autonome qui ne soit pas de pure imitation (copier –coller), capable de comprendre les ressorts de sa propre société, capable d’évaluer ce qui est possible et ce qui l’est moins et de pouvoir affronter la rue avec des solutions audacieuses et de les faire admettre à une jeunesse consciente des dangers qu’elle court.

Rares sont en effet les élites qui s’appuyant sur leur propre héritage socio-culturel propre y compris colonial sont déterminés à surmonter les difficultés auxquelles sont confrontées leurs sociétés car la solution à la crise multidimensionnelle, c’est d’abord l’effort interne du pays plus on parvient à se mouvoir par ses propres forces moins on est demandeur moins on est vulnérable  Si encore l’influence extérieure avait suscité la science, la technologie, la culture démocratique, cela aurait été un demi mal.

Le but de l’Occident est d’ordonner et de soumettre la dynamique sociale à un centre d’impulsion unique l’Etat pensé comme un moteur de transformation de la société et pratiqué comme un lieu hégémonique occidental soumis à un droit dont il est le seul maître puisé de sa culture judéo chrétienne dont les sociétés dominées sont dépourvues ayant emprunté d’autres trajectoires historiques qui leurs sont propres.

Faut-il rappeler que depuis l’indépendance les couches dirigeantes du pays, produits de l’école française pour indigènes ont adhéré totalement aux valeurs de consommation inspirés de l’occident sans pour autant assimiler les sciences sociales, les techniques de production et de gestion qui les sous tendent et de surcroît en refusant la liberté de recherche,, de critiques et d’opposition prônée par la culture démocratique européenne pour limiter les abus et arbitraires du pouvoir de l’Etat. C’est dire que nous avons enfourché un cheval qui n’est pas le nôtre.

Nous n’avons pas la maîtrise, nous n’avons que la selle. Le nôtre est retourné au désert et depuis nous ne l’avons pas revu. Il est peut être mort de soif. Nous nous trouvons sans monture et le chemin à pied est long. Il nous semble que la solution définitive à nos problèmes réside dans un changement qualitatif dans nos rapports avec l’Europe, dans la construction d’un Maghreb uni des peuples de la région et dans les bouleversements que nous pouvons apporter à nos institutions, pâles copies de nos « illustres maîtres à penser ».

Mais cela suppose une participation de la population à la prise de décision, une vision claire de l’avenir et une réelle maturité des peuples de la région à se prendre en charge sans passer par l’Occident triomphant. C’est pourquoi, les élites n’ont pas d’autre choix que « trahir ou se suicider » : vont-elles trahir ? C’est-à-dire servir leur propres intérêts au détriment des intérêts supérieurs de la nation ; vont-elles se suicider ? C’est-à-dire faire appel à la charité chrétienne pour sortir le pays de la crise. Ces propos semblent radicaux par leur charge affective mais ne manquent pas de réalisme. Néanmoins, ils ont l’avantage de mettre l’accent sur la responsabilité des hommes devant conduire le destin de la nation. La décadence d’une société commence quand l’homme se demande « que va-t-il arriver ? » au lieu de se dire « que puis-je faire ? ».

L’Algérie a la terre. Elle a les hommes. Ce qui lui manque, c’est une bonne politique, une politique centrée sur les populations et non sur les pouvoirs. Les élites doivent s’efforcer de satisfaire en priorité les besoins essentiels des individus par des stratégies de développement centrées sur les intérêts de la population et non sur des pouvoirs.

Débat fécond d’idées novatrices à amorcer ou lutte acharnée d’intérêts d’arrière-garde à entretenir et/ou à sauvegarder ? Des intérêts apparemment contre productifs non créateurs d’emplois. Il nous semble que c’est dans ces conditions que pourra surgir à notre humble avis une élite sobre et austère, sans treillis ni cravate, ni turban, fidèle à elle-même, ouverte positivement sur l’extérieur qu’il soit d’orient ou d’occident, mettant le souci du bien public avant ses avantages particuliers,  créatrice de valeurs et de symboles par son comportement dans ses actes légitimant ainsi un discours réformateur. La rue a montré la voie, au reste de suivre … Une révolution est en marche, ses mots d’ordre : « silmya silmya », un message de paix aux forces répressives et une lueur d’espoir aux peuples opprimés ; « Yetenahaw ga3 » un cri d’indignation d’un peuple meurtri. « Quand la hache pénétra dans la forêt, les arbres dirent : le manche est des nôtres ». C’était un certain été 1962, l’été de tous les tourments où le frère tuait son frère pour accéder au trône. Aujourd’hui, le peuple délivre un message de fraternité : « khaoua-khaoua ». Quelle leçon d’humanisme. Pauvres de « nous » qui avons troqué son avenir pour un verre de whisky avec la complicité d’une opposition des « petits fours » aux allures « civilisées ».

 

Auteur
Dr Abdelkader Boumezrag

 




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