26 avril 2024
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Un regard prospectif sur la charte pour libérer l’Algérie

COMMENTAIRE

Un regard prospectif sur la charte pour libérer l’Algérie

Pour une fois depuis le 22 février qu’une initiative sérieuse est émise au grand public. Une charte qui exprime sans détour la revendication populaire, elle résume avec une approche logique un ensemble de préalables et de solutions sur lesquels la société algérienne doit aborder une situation inédite afin de poser une assise pour l’Algérie de demain. 

‘’C’est un appel patriotique aux forces vives’’.

Les profils des signataires (1) peuvent en témoigner sur la qualité de l’avant-projet de la charte. Des médecins, des écrivains, des journalistes, des ingénieurs, des universitaires et d’autres personnalités connues dans les milieux de la réflexion qui ont apporté leur appui. Ils se sont rendus à l’évidence qu’il est urgent de se réunir autour d’un projet commun qui suscitera une forte adhésion du citoyen.  

https://lematindalgerie.comavant-projet-de-charte-citoyenne-pour-une-algerie-libre-et-democratique

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Signer la charte est une forme d’adhésion autour d’un projet, c’est une façon d’unir les rangs, car le peuple algérien qui bat le pavé depuis des mois est toujours en attente d’une initiative viable comme celle-ci. 

‘’L’Algérien doit impérativement prendre connaissance de ce document, car, il est le premier à être concerné.’’

Il s’agit de l’avenir démocratique de l’Algérie, le pays doit être libéré. À le lire, on comprend que les rédacteurs ont réfléchi pour une perspective d’avenir et en tenant compte de la nature de la problématique algérienne. Sans ambiguïté, rien n’a été laissé au hasard pour décrire les enjeux pour une solution de crise.

‘’Le document en question, doit être expliqué aux algériens en dépassant toute forme d’arrière pensée. ‘’

À commencer par les fondements :

«La séparation des pouvoirs, l’égalité homme/femme, le respect des droits humains, l’identité nationale récupérée, la liberté de culte et de conscience corrélée à la non-politisation du religieux doivent être solennellement consacrés comme fondements de la nouvelle Algérie. 

Ces préalables sont un minimum républicain. Ils ne doivent faire l’objet d’aucune concession faute de quoi, il faudra se résoudre à sombrer de nouveau dans le cycle des instabilités qui ont fait de l’Algérie le ventre mou de la région nord-africaine.» 

La responsabilité de chacun est d’assurer qu’ils figurent comme préalables dans les prochains textes de loi, qui est la constitution, et ils seront immuables et sacrés. Dans l’avenir, aucune force n’osera les remettre en cause, quelles que soient les raisons.  

La situation socio-économique à laquelle fait référence cette charte est une réalité indéniable. C’est un véritable désastre. Les pouvoirs successifs, en manque de perspective, s’accrochent cupidement à la rente pétrolière. Un secteur en déclin et qui a mis le pays en porte-à-faux. Cet état des lieux, est une alerte à ceux qui seront appelés à diriger la transition. Il y a un travail d’urgence qui doit être entrepris afin de limiter les dégâts et d’éviter une paupérisation de la société.  

Le contexte géopolitique est l’un des enjeux qui caractérisent la crise algérienne. Le pays est séquestré par des dirigeants qui n’ont aucune notion en termes de stratégie et d’avenir.

En se classant le deuxième pays d’Afrique en superficie et être sis à la porte de l’Europe, dans la charte, on peut appréhender deux choses essentielles : les opportunités à saisir de cette situation stratégique et la nécessité de la réorganisation de l’Algérie en optant pour la régionalisation selon l’exemple de la Soummam, un modèle qui a donné naissance à la nation. Ce qui peut donner une nouvelle orientation pour les pays de l’Afrique du Nord.

L’Afrique du Sud peut être un exemple à suivre, c’est un vaste pays comme le nôtre avec 11 langues officielles, ils ont réussi, sous Mandela, d’organiser le pays en 9 provinces et chacune est dotée d’une législature provinciale, et d’un conseil exécutif présidé par un premier ministre.

‘’Les Etats des régions unifiées auront plus d’autonomie en termes de gestion et de décision, ainsi que pour l’exercice démocratique.’’

Cette réflexion est juste, elle doit être discutée sans tabou, car l’Algérie mériterait d’être parmi les états modernes si le projet se concrétise. 

Des changements tout en maintenant le système, est une ambiguïté entretenue sciemment par les recyclés du pouvoir. Sous la supervision des militaires, le panel de Karim Younes appuyé par Benflis est un scénario idéal, il se joue avec des représentants fictifs, supplétifs et trop hâtifs. C’est les élections présidentielles qui font courir ces comparses. 

‘’La révolution du moment s’inscrit dans un processus de concession et de dialogue entre les citoyens et non avec le système’’.

Finalement, cette solution de replâtrage ne fait qu’enfoncer leurs auteurs dans le bourbier, car le peuple est inflexible, il reste fidèle à ses engagements : « tetnehaw gaa »; « dawla madania macci askaria ». Et chaque jour, le peuple réclame de remettre le pouvoir aux civils. La primauté du civil sur le militaire est une exigence inscrite dans la charte.

En 1954, pour libérer l’Algérie de la France, il a fallu que quelques téméraires, le feu Boudiaf comme chef de fil, organisés autour du CRUA et par la suite avec le FLN, prennent une décision radicale vis-à-vis des structures politiques traditionnellement actives soit pour une indépendance ou un pour un statut particulier qui donnera une forme de dignité à l’algérien dit indigène. 

‘’La question de l’organisation, sa composition et la transition démocratique sont sous les lèvres des millions de citoyens qui sortent chaque vendredi. Ils sont soucieux que leurs sacrifices soient vains.’’

Aujourd’hui, donc, pour libérer l’Algérie du système, peut-on procéder ainsi, mettre de côté nos sensibilités politiques afin de s’unir autour d’une organisation qui va unir le peuple et mettre fin au despotisme qui règne depuis l’indépendance? Il est écrit dans le document :

«Cela veut dire que la phase de transition n’est pas destinée à préparer la prise de pouvoir pour ceux qui en auraient la charge mais à en garantir l’exercice démocratique pour celles et ceux qui seront appelés à y prétendre à travers les élections une fois les règles de la promotion du pouvoir civil énoncées et gravées dans le marbre». 

Les modalités pour mener la transition ne doivent pas faire des émules au sein de la société. Et le pouvoir ne ratera pas une occasion pour exploiter la moindre faille pour déstabiliser tout cet élan de solidarité. 

‘’La transition doit être menée par le citoyen et elle sera appuyée par le politique?’’

La question mérite une grande d’attention et elle requiert une réflexion profonde afin d’opter pour l’un ou l’autre. La crise algérienne est générée par l’ensemble des pouvoirs politiques de 62 à ce jour, et aux yeux des citoyens, l’image d’un politicien est réduite à un fonctionnaire qui garnit sa vie avec des privilèges que l’État lui offre. On s’entend qu’elle n’est pas générale cette remarque, car il existe certains qui font exception. 

Malheureusement, confier la transition aux structures politiques existantes est un vrai casse-tête. On ne parle pas du FLN, le RND, TAJ, le MPA, elles sont exclues systématiquement, mais pour le reste, elles ont quoi comme moyen pour justifier leur crédibilité aux yeux des citoyens. Le problème de représentativité se posera inévitablement. 

‘’Le pouvoir, avec les fraudes, n’a jamais laissé la chance aux structures politiques de connaitre leurs forces d’ancrage populaire. ‘’

Donc, la suggestion proposée dans ladite charte reste le meilleur moyen pour assurer une crédibilité et la pérennité à la future structure transitionnelle. C’est-à-dire, faire participer le citoyen directement pour poser les premières bases d’une nation républicaine et démocratique. Ce passage en lien avec l’idée :

«Pour éviter les contestations et les infiltrations déstabilisatrices, les participants à la convention nationale doivent être pour partie proposés par consensus ou élus par la base (communes ou daïras) et pour partie proposés ou élus par les organisations socioprofessionnelles qui ont su garder une certaine autonomie par rapport à la nébuleuse des structures satellitaires du pouvoir.

Des personnalités dont l’expérience politique a été consacrée par un parcours connu dans les luttes démocratiques peuvent être appelées à donner crédit et performance à ces assises.»

Aussi, un autre détail important est abordé dans la charte pour donner une crédibilité aux instances transitoires, ils parlent de la durée de la transition et de ceux qui seront appelés à l’intégrer. Celle-ci doit être gérée par des individus qui doivent s’engager à ne pas se présenter aux futures échéances électorales pour un laps de temps minimal qui peut être défini avec raison.

Après le rôle de la gestion courante des institutions du pays, la transition sera responsable pour organiser les élections parlementaires et non présidentielles comme le souhaitent les tenants du pouvoir du moment. Il ne faut pas ignorer que le fichier électoral qui est tellement désuet et manipulé par les gouvernements successifs a un point de ne pouvoir organiser même pas une élection municipale. Pour l’assainir et le rendre conforme, il est presque inévitable de passer par un recensement de la population algérienne. 

‘’Ce qui peut expliquer que le calendrier de la transition peut s’étaler au-delà des délais que proposent certaines personnes sollicitées pour donner leur avis sur ce sujet.’’

Un autre fait pour en finir, c’est l’annonce de la fin du système. 

«Il est donc temps que le système soit effectivement évacué de la scène politique comme l’exigent les manifestants depuis maintenant six mois. En particulier, il est temps que le FLN, l’UGTA ainsi que toutes les organisations de masses soient remisés au musée de l’histoire. Il est temps que les partis du pouvoir soient écartés du processus de transition».

Messaoudene Mahfoudh, signataire de l’avant-projet de la charte.

  1. https://www.dzvid.com/2019/08/28/avant-projet-de-charte-citoyenne-pour-une-algerie-libre/

Auteur
Messaoudene Mahfoudh

 




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