28 mars 2024
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Vilipendé par les Algériens, le système réactive son terrorisme

DECRYPTAGE

Vilipendé par les Algériens, le système réactive son terrorisme

Les derniers communiqués de la DGSN portent atteinte au pacifisme du Mouvement populaire.

La loi sur la concorde nationale du 13 juillet  1999 puis l’Ordonnance du 27 février 2006 portant mise en oeuvre de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, loi promulguée le 17 avril 2006, ont été les pivots de toutes les impostures politiques des quatre mandats de Bouteflika.

La  fausseté de ces textes de lois repose une diabolique duplicité : transformer un terroriste des maquis par une réédition de spectacle  en un terroriste légal, électeur du pouvoir qui l’a gracié, engraissé, à portée de main, maintenu en veilleuse, profilant des largesses de la rente et de la « grâce amnistiante » qui, d’une  mandature à l’autre bouteflikiennes, placent le terroriste officiellement « repenti » au-dessus des lois basiques de la République par l’Article 46. de la Charte pour la paix : « Est puni d’un emprisonnement de trois (3) ans à cinq (5) ans et d’une amende de 250.000 DA à 500.000 DA, quiconque qui, par ses déclarations, écrits ou tout autre acte, utilise ou instrumentalise les blessures de la tragédie nationale, pour porter atteinte aux institutions de la République algérienne démocratique et populaire, fragiliser l’Etat, nuire à l’honorabilité de ses agents qui l’ont dignement servie, ou ternir l’image de l’Algérie sur le plan international. Les poursuites pénales sont engagées d’office par le ministère public. En cas de récidive, la peine prévue au présent article est portée au double… ».

Durant ses quatre mandats de toutes les trahisons et traitrises faites à la dignité du peuple algérien qui a pris les armes contre le terrorisme et son idéologie, l’islamisme politique consacré par l’article 2 de la présente constitution algérienne, l’ex- admirateur de Hassan Hattab, chef de l’AIS, bras armé du FIS, n’a cessé de proférer des menaces sur un ton arrogant et insultant à la résistance armée contre le terrorisme islamiste tandis qu’il dialoguait à El Mouradia avec des chefs terroristes de l’AIS et du GIA dont certains étaient condamnés par contumace par la justice, et plus tard avec ceux, via des porte-parole, de l’Aqmi, du Sahel. Cette imposture, qui a fait du bourreau un modèle de vertu et un modèle de citoyen consommateur insatiable d’une économie de bazar et des élections présidentielles de la rapines des urnes, a la peau dure.

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Elle persiste et est brandie, carte maîtresse, hier de Bouteflika pour réprimer  les marches protestataires du mouvement des Patriotes et des Groupes d’auto-défense désarmés par lui au cœur même de la lutte anti-terroriste, contrer les manifestations des familles des victimes du terrorisme et des disparus, aujourd’hui porte-flambeau d’un Gaïd Salah qui, dans la même imposture bouteflikienne, met en joue le mouvement de la contestation du 22 février par la menace terroriste, sœur jumelle avec la peur du système de voir lui échapper les élections présidentielles la seule voie « constitutionnelle » par laquelle il blanchit en quelques sorte ses faussetés.

D’un Ouyahia, alors premier ministre, qui battant campagne pour un 5e mandat, menaçait lors d’une conférence de presse, du retour de la « fitna » – fitna mot si bien partagé entre  le terrorisme et le système dont il minimise et pardonne la violence armée et en fait sienne l’idéologie assassine -, jusqu’aux messages de Bouteflika au seuil de la démission adressant un ultimatum au peuple qui réclame son éviction – ou c’est lui, l’homme de la concorde ou c’est le retour d’Abraham ensauvagé, coupable d’un infanticide par égorgement en intention -, ce terrorisme-là de sa « concorde civile » et de sa « Charte » n’est plus une menace pour le système mais une arme de répression par laquelle il vampirise tout mouvement qui le conteste. Bouteflika dégagé et la phase de transition qui bat de l’aile et dans laquelle la bande des « quatre mercenaires «  des 3B et du G s’acoquinent à toutes les compromissions possibles pour l’échéance des élections présidentielles au nom du respect de l’article 102 et non pour celui de l’Algérie, le système, dans son horizontalité et sa verticalité, agite, dans les mêmes termes et le même ton, la menace terroriste par la légalité des textes de « la Concorde » et de « la Charte ».

C’est Ahmed Gaïd Salah qui, dès après avoir été renommé au poste de vice-ministre de la Défense nationale sans ministre ni Chef suprême des Armées, accuse, sans ambages, le mouvement de la protestation du 22 février d’abord de promouvoir de ses rangs de dangereux individus sur la scène politique ensuite de faire le lit à de dangereux individus à la solde de forces néo-colonialistes.

Cette accusation a été proférée d’Oran, de la deuxième région militaire, contre la rébellion citoyenne dont il a essuyé bien de camouflets. Ni la démission de Bouteflika, ni le recours à l’article 102 puis aux 7 et 8, encore moins les Présidentielles, dont il s’est fait le chantre et le garant, ne sont une solution. La rue réclame la chute de tout le système !

Ahmed Gaïd Salah, à défaut de démissionner encore valide, trahit une « incontinence verbale » ou logorrhée qui peut être associée à une maladie mentale lorsqu’elle prend la forme d’une pulsion incontrôlable de parole pour une fonction qui appelle à la mesure du propos, la retenue et la confidentialité. Et, parce que trop diluée dans cette logorrhée verbale, maladie pour laquelle il devrait être déclarée inapte pour une telle fonction à la tête de la sécurité du pays, c’est la DGSN qui s ‘en fait le relais en isolant la menace terroriste de Gaïd Salah de ses discours vides de sens, impuissants même  à mobiliser une armée en temps de guerre.

Dans un communiqué rapporté vendredi dernier par l’agence officielle APS sous le titre « Marches: des étrangers incitant les jeunes à recourir à des formes d’expression radicales interpellés », la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN)  qui, professionnellement, n’a jamais livré publiquement d’informations sécuritaires nébuleuses, diffuse, de manière vague, imprécise, des faits non appuyées de faits avérés  accusant ou portant gravement préjudice au mouvement de la contestation du 22 février puisque c’est lui qui en est le contexte et le théâtre direct de cette information dont d’aucuns pourraient se demander à juste titre si le fait même de rendre publique cette information ne crédibilise pas le terrorisme puisqu’il arrive à tromper la vigilance des forces de l’ordre, de la DGSN elle-même et victimise tout en les culpabilisant les marches massives de la rébellion citoyenne.

Rien du contenu du communiqué ne constitue une révélation au sens informatif du terme : « Durant ces semaines, des étrangers venus spécialement pour attiser les tensions et pousser les jeunes à recourir à des formes d’expression radicales, en vue d’exploiter leurs images via les médias et sur les réseaux sociaux, ont été identifiés et interpellés et leurs desseins dévoilés. Certains ont même été arrêtés en possession d’équipements sensibles, de substances psychotropes à effet hallucinogène, en quantités importantes et qui agissaient en réseaux et sur des points ciblés. »

Les faits sont enrobés de flou dans les indications du temps (« durant ces semaines »), de l’identité des terroristes supposés (« des étrangers », « certains», « en réseaux »).  

Alors que ledit communiqué qualifie les acteurs de la menace de « délinquants », d’«instigateurs aux desseins machiavéliques », autrement dit ayant une force et des objectifs même meurtriers, les manifestants du mouvement de la protesta anti-système ne sont que  des « enfants innocents », « des écoliers », « de vieilles personnes fragiles, voire même des handicapés ». Dans ce même communiqué, il est fait état de la neutralisation d’un groupe terroriste non identifié dans les rangs de la rébellion citoyenne avant son passage à l’acte dans les marches,  déjouant «  des projets criminels d’envergure, tels que l’arrestation d’un groupe de terroristes fortement pourvus en armes et de munitions qui planifiaient de commettre des exactions contre les citoyens, profitant de la densité humaine générée par la mobilisation ».

En termes clairs, le système appelle le mouvement de la contestation du 22 février non à une vigilance accrue mais à cesser les marches car, en raison de leur massification, elles profitent à de dangereux terroristes qui n’hésiteront pas à y commettre des attentats sanglants.

La révélation de la DGSN surprend. Comment, dans cette même massification qu’elle considère comme un obstacle à la sécurité, y a-t-elle alors opéré pour arrêter un groupe terroriste surarmé ? Comment un tel groupe avec autant d’armes a-t-il pu agir dans les rangs de la protesta ? La DGSN y a-t-elle ses propres informateurs ? A-t-elle infiltré les rangs de la protesta ?

Une chose est sûre, depuis la naissance du mouvement de la contestation, le 22 février, coïncidence ou relation ourdie à des fins machiavéliques, les différentes étapes de la démission de Bouteflika et les logorrhées d’un Gaïd Salah qui charge la rébellion du 22 février de tous les maux, celui  d’abord nourrir en son sein du terrorisme non qualifié d’islamiste, ont été soutenues, dans les médias officielles par une recrudescence d’informations sécuritaires relatives à la reddition, neutralisation de terroristes, destruction de casemates, arrestations de trafiquants d’armes et de stupéfiants.

Entre les terroristes de l’article 102  et ceux des maquis « redditionnistes », il y a des jeux de rôle. Ni Ahmed Gaïd Salah ni la DGSN ne qualifient ce terrorisme qu’ils prétendent avoir débusqué ou qu’ils ont réellement débusqué des rangs du mouvement de la contestation du 22 février d’islamiste. Car, de ce terrorisme islamiste-là, le système qui l’absorbe, pardonne et bénit sa violence armée, en a fait une paix des fosses communes et en promeut l’islamisme politique.

Noureddine Bedoui, Bensalah, Gaïd Salah et toute la volière de la « phase de transition » maquillées en « ministres des Affaires courantes » en ont grand besoin pour de potentiels électeurs et candidats épouvantails,  malléables à souhait aux Présidentielles qui débutent la veille d’un 57e anniversaire de l’indépendance qui, sept ans après, le peuple, sorti dans la rue, criait « sebaâ snine barakat » ( sept ans ça suffit » et, 57 ans après « sebaa ou xamsin sna barak » traduit par, « irouhou gaâ» ( « tout le système dégage »).  

La carte du terrorisme brandie par le vice-ministre de la Défense nationale est la preuve par neuf de cette imposture d’un système avili dont la loi sur la concorde civile et de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale qui, comme la constitution et son article 102, est l’illustration de la fausseté d’un système qui, honni, vilipendé, mis à nu, pris dans la main dans le sac, est toujours prompte  à s’allier avec le diable, à toutes les forces viles, destructrices du pays, en particulier l’islamisme politique et ses bras armés qu’il n’hésitera pas à réactiver aux frontières du pays, à Alger, dans les régions à forte mobilisation de contestation citoyenne là où la DGSN peut débusquer des terroristes menaçant les « enfants » et « les vieillards » des marches.

Pourtant, il le sait, c’est lui, le Système qui est un danger pour le pays, qui le bloque, qui l’a ruiné, qui l’a détruit, et cherche maintenant à salir la jeunesse rebelle du 22 février en l’accusant de nourrir dans ses rangs du terrorisme hors de sa concorde. Il a certainement hâte d’arriver même dépenaillé aux Présidentielles, si présidentielles il y a

Auteur
Rachid Mokhtari, écrivain journaliste

 




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