29 mars 2024
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Yasmina Khadra, le sel plutôt que l’oubli

PUBLICATION

Yasmina Khadra, le sel plutôt que l’oubli

Adam N’ait Gacem, le personnage central du dernier roman de Yasmina Khadra (Le sel de tous les oublis), est avec le chef d’une kasma FLN, assis confortablement, dans une Panhard après des mois d’errance « à crapahuter dans la neige et la boue, à claudiquer sur les pistes et à tressauter à l’arrière des charrettes. »

Adam redécouvrant le monde moderne entame une conversation surréaliste avec le »politique », son bienfaiteur du moment.

Mekki,le chef du parti local interpelle Adam qui porte une blessure saignante au genou.

– Blessure de guerre ?

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-Quoi ?

-Votre genou ?

-Un chauffard m’a poussé dans le fossé.

-Mon Dieu !… Ça fait combien de temps que vous êtes parti de chez vous?

-Il n’y a pas de murs sur les routes pour cocher les jours dessus.

-Vous n’envisagez pas de vous poser quelque part ?

-Pourquoi faire ?

-Repartir de zéro.

-Je ferai quoi du reliquat de ma vie d’avant ?

-Gardez la dans un coffre fort et jetez la clef !

-Je n’ai pas de coffre fort. Je n’ai qu’un sac sur l’épaule et des savates usées aux pieds.

Adam, largué par son épouse Dalal est parti en vrille, il y a bien longtemps. Au sortir de l’indépendance de l’Algérie, son pays, il s’est retrouvé instit, marié, logé, au chaud dans son corps et dans son dans son cœur.

Un matin, il ouvre les yeux et découvre sa femme, sur le départ, un cabas à la main. Il abandonne, divorce avec la vie en l’espace de quelques heures.

Sa vie explose en vol. On est en1963, ‘an de tous les possibles ! Le pays est tout neuf. lui a vieilli d’un coup. Il prend les routes qui mènent aux enfers.

Yasmina Khadra nous prend la main pour nous faire visiter les entrailles du pays, des putes, des clochards, des fous, des fermiers, des serfs des ouvriers… Il nous emmène sur les routes de la schizophrénie. De la déperdition.

Il laisse quelques fenêtres ouvertes pour faire passer quelques centilitres d’oxygène. Il plonge son lecteur en réanimation. C’est fort. Puissant. Vrai. Ce livre comme bien d’autres avant a été boycotté par la presse française, qui, il n’y a pas si longtemps avait porté Khadra, un de nos meilleurs écrivains au pinacle. Pourquoi ?

Chacun de ses romans est distribué à un demi-million d’exemplaires. A-t-il besoin de savoir ?

Avons-nous besoin de comprendre ? « Le sel de tous les oublis » est un récit immense ! A lire et à recommander absolument !

Yasmina Khadra, « Le sel de tous les oublis », Éditions Julliard

 

Auteur
Meziane Ourad

 




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